La presse américaine a annoncé ce week-end que AT&T reprenait pour 85 milliards de dollars Time Warner. Un rachat qui s’inscrit dans la logique actuelle de la convergence des télécoms et des contenus, dont l’offre entre en concurrence frontale avec celle des acteurs de la télévision. Une vision qui est également partagée en France par Patrick Drahi et son groupe Altice mais qui nécessite de maîtriser la production des contenus et des technologies informatiques de distribution complexes.
85 Milliards pour se positionner sur les contenus originaux sur internet et mobile
Même si ce rachat ne déclenche pas l’enthousiasme des analystes financiers, à qui on a déjà « vendu » dans les années 2000 le concept de cette convergence des contenus et des télécoms, il semble, cependant, que cela soit la seule véritable stratégie possible au regard de la montée en puissance des nouveaux modes de consommation des contenus médias notamment sur mobile. Il a donc fallu plus de 15 ans à AT&T pour faire oublier ses déboires dans la convergence des médias et des télécoms. Le rachat de TCI, le premier cablo opérateur américain, en 1998 pour 45 milliards de dollars avait bien failli faire disparaître la firme de l’inventeur du téléphone Graham Bell. 15 ans plus tard l’opérateur américain est reparti à l’offensive. AT&T a commencé par racheter en 2015 Direct TV le leader de la télévision par satellite et maintenant il met la main sur Time Warner ses 28 milliards de dollars de chiffre d’affaires et à sa capacité de création de contenus originaux à l’image de Harry Potter, Batman et Games of Thrones dont la série 7 est en cours de tournage. En France c’est le groupe de Patrick Drahi qui semble le plus proche de cette stratégie.
Un défi technologique et de transformation digitale face à Netflix, Amazon Prime Vidéo et Hulu
Sans remettre en cause la logique de ce rachat, il faut maintenant que AT&T et Time Warner fassent la preuve de leur volonté d’innovation dans la distribution et la consommation de ces contenus sur internet. Pour beaucoup d’analystes, le succès de Netflix s’appuie avant tout sur une capacité de création rapide de contenus originaux, mais aussi sur un savoir faire technique et marketing indéniable dans le domaine de la consommation des médias sur différentes plateformes. En réinventant la consommation de ces contenus, Netflix a séduit rapidement 60 millions de clients mais a fait le choix d’un modèle de croissance forte à très faible rentabilité. Un modèle propre à la Silion Valley et à l’industrie informatique traditionnelle et qui n’est pas le modèle de base des groupes médias. Bousculé par ces nouveaux acteurs, l’industrie des contenus américaine et européenne à l’image des difficultés du groupe Canal+, doit désormais opérer une brusque transformation pour rester dans la course. Une transformation qui demandera des moyens et des acquisitions pour rester dans course technologique.