Touche à tout du numérique, Benjamin Böhle-Roitelet a fondé l’agence Ekito voici plus de 12 ans, après des études de mathématiques financières. En 2015, il a créé les incubateurs « Grand Builder » à Toulouse et « Blue Builder » sur la côte basque (pour les startups océan, surf et action sport). Il s’est également engagé dans le développement de la Corsican Tech et du FailCon France. Aujourd’hui, il abandonne ses précédentes activités pour lancer sa propre startup, spécialisée dans l’intelligence artificielle, « Relief ». Entretien.
- Vous avez un jugement sévère sur les accélérateurs européens alors que vous avez-vous même créé plusieurs incubateurs et accélérateurs : que leur reprochez-vous ?
Benjamin Böhle-Roitelet : Les accélérateurs européens ont repris à l’identique les codes des accélérateurs des Etats-Unis, alors que les enjeux sont très différents. Comme je le dis dans mon communiqué annonçant la naissance de ma propre startup, je ne pense pas que le modèle perfectible d’accélérateur de startups tel qu’il est pratiqué en Europe aujourd’hui, inspiré d’un modèle américain au contexte si différent, soit encore adapté, tel quel, aux ambitions et besoins de tels projets. Il faut inventer de nouveaux modèles d’accélération, ou encore, si l’on veut construire des startups à succès en Europe sur de telles thématiques, concentrer et rassembler expériences et compétences pour faire et réussir, plutôt que d’accompagner.
- N’êtes-vous pas en train de mettre eu cause le système de formation français ?
Benjamin Böhle-Roitelet : Il faut le remettre en cause car il est fondé sur un système de silos, chacun ayant sa ou ses spécialité(s). Il faut casser ces silos pour permettre aux responsables de startups d’avoir une vision plus large de leur marché. Par ailleurs, il est fondé sur la réussite alors qu’il est indispensable qu’un startupper sache apprendre d’un échec et le valoriser, de même qu’il doit savoir gérer intelligemment sa peur.
- De ce point de vue, on peut s’étonner de vous voir créer une startup en France, non ?
Benjamin Böhle-Roitelet : Comme j’ai tenté de l’expliquer, je préfère le « faire » au « dire ». Peu importe que la startup soit située à l’origine en France ou ailleurs : il faut qu’elle s’attaque à un marché de grande taille, à l’échelle internationale et que celui-ci soit monétisable. Il faut « dé-linéariser » ses revenus et ses coûts et cela peut être fait n’importe où dans le monde. Nous allons rapidement organiser une première levée de fonds pour que Relief prenne de l’ampleur, sachant qu’elle ne compte à ce jour que 6 collaborateurs.
- Peut-on en savoir plus sur Relief ?
Benjamin Böhle-Roitelet : Non. Notre stratégie marketing et communication est justement fondée sur un teasing permanent. D’un point de vue cynique, on pourrait estimer que cela est fait pour que la presse parle de nous plusieurs fois. D’un point de vue plus pragmatique, nous pensons que c’est le meilleur moyen pour que les clients viennent à nous. Les produits et services de Relief dans l’intelligence artificielle seront donc dévoilés au fur et à mesure, sur son site Internet.
Propos recueillis par Pascal Boiron, Digital CMO