Directeur Stratégie Marketing de la chaîne sportive paneuropéenne Eurosport propriété du groupe américain Discovery, David Bernard-Bret vous parle données utilisateurs et complémentarité web/TV mais jamais téléspectateurs qu’il préfère considérer comme des « fans ».
Vincent Biard – On suppose une audience très segmentée entre les différents sports et les pays de diffusion des chaines du groupe Eurosport. Différents types de datas doivent donc être générés, comment les utilisez-vous ?
David Bernard-Bret – Nous récupérerons différents types de datas appartenant à nos fans d’abord d’un point de vue audimétrique avec les audiences et les comportements des téléspectateurs dont nous disposons comme n’importe quelle chaine de télévision. Nous récupérons aussi les données des utilisateurs de nos sites internet et celles de nos services over-the-top soit l’utilisation de nos chaines desintermédiées. Là nous récupérons leur parcours utilisateur dans la consommation de la télévision, ce sont des données un peu plus riches.
Vincent Biard – Comment procédez-vous pour croiser ces informations ?
David Bernard-Bret – Nous ne les croisons pas nécessairement mais nous les comparons. Il n’y aurait pas forcement d’enseignement à les croiser. Par contre, les datas provenant de fournisseurs de datas sportives sont intéressantes à croiser avec les profils de nos consommateurs. Des fournisseurs de datas comme Infostrada sont capables d’analyser le comportement des téléspectateurs le temps d’un match de football et nous permettent de les relier à la partie éditoriale.
Vincent Biard – Comment s’organise la complémentarité télévision / web puisque la télévision est de plus en plus consommée via de multiples écrans connectés ?
David Bernard-Bret – Il y a deux formes de complémentarité. La première est la notion de portabilité avec l’accès à la télévision par la 4G qui permet de la regarder depuis de nombreux endroits. La deuxième chose est la multiplication des programmes grâce à la bande passante maintenant disponible en quantité quasi infinie. Ainsi sur un événement comme Roland Garos, nous sommes capables de proposer en linéaire sur nos deux chaines Eurosport 1 et Eurosport 2 les matchs des courts Suzanne-Lenglen et Philippe-Chatrier. Sur les médias digitaux et sur notre appli en sport player, nous proposons jusqu’à seize courts pas forcement avec la même qualité mais nos fans sont prêts à payer pour pouvoir choisir. Sur les 24h du Mans, ils peuvent choisir l’angle de camera souhaité tout comme sur le Tour de France.
Vincent Biard – Vous employez le mot « fan » mais jamais téléspectateur, pourquoi ?
David Bernard-Bret – Téléspectateur est un mot utilisé par les chaines gratuites et nous sommes payés par un affilié comme Canalsat. Eurosport n’est pas une chaine gratuite. Certes nous vendons de la publicité mais notre métier consiste à rendre les gens heureux de l’expérience que nous leur proposons. C’est pour cela que nous les considérerons comme des fans et non pas uniquement comme de cibles publicitaires