Apple a présenté le 5 juin 2017 ses nouveautés logicielles à venir pour ses plateformes lors de sa conférence annuelle pour les développeurs (WWDC), à San Jose en Californie. Pour Apple, les enjeux financiers sont très importnants et la marque a montré également un engouement fort dans les domaines de l’intelligence artificielle et des réalités virtuelles et augmentées. Cette conférence est décryptées par un développeur, dans le cadre d’un entretien réalisé au lendemain de la présentation de la « feuille de route » d’Apple. Edouard Brèthes est le cofondateur de l’Apptelier, agence française née en 2013 et dédiée au développement d’applications « post-PC » (smartphones, tablettes et objets connectés). Il avait déjà analysé la conférence de Facebook pour les développeurs, la « F8 » et celle de Google.
- Que retenez-vous des différentes annonces d’Apple ce lundi 5 juin 2017, sachant que celle qui semble avoie le plus grand retentissement médiatique est le prochain lancement de l’HomePod ?
Edouard Brèthes : Les annonces de nouveaux produits font comme d’habitude les gros titres de la presse spécialisée et Apple a comme à son habitude capté leur attention.
Ce que je retiens plutôt de cette conférence, c’est la cohérence d’Apple. Une cohérence sur le logiciel et les technologies proposées aux développeurs et déclinées sur toutes leurs plateformes ; une cohérence sur les décisions stratégiques prises depuis plusieurs années, notamment sur le plan matériel depuis leur acquisition de compétence en conception de processeurs.
J’ai également été impressionné par leurs avancées en l’espace d’un an sur les domaines de l’intelligence artificielle et de la réalité augmenté, domaines ayant le vent en poupe chez les autres GAFAs ou chez Microsoft.
- Il semble pourtant qu’il manque des produits dédiés à la VR ou AR chez Apple, comme des lunettes connectées ou un casque de réalité virtuelle…
Edouard Brèthes : Apple est une entreprise confortable dans la position de l’outsider. Elle préfère laisser ses concurrents tester les marchés avant d’arriver éventuellement dessus avec un produit haut de gamme. Si Apple n’a pas aujourd’hui de produits véritablement dédiés à la VR ou l’AR, c’est qu’il n’estime pas le marché suffisamment mûr pour s’y lancer, tant sur le plan commercial que technologique. Cependant, leurs ambitions sur la réalité augmenté précisément sont des plus claires, et les briques logicielles présentés sur ce domaine, couplées à leur avance considérable sur la conception et la production de processeurs miniatures rapide et économes pourrait bien faire la différence au lancement d’éventuelles ”Apple Glass”.
- Ces différentes annonces paraissent prometteuses, mais Apple ne risque-t-il d’arriver sur un marché avec des niveaux de prix trop élevés, voire « inabordable » ?
Edouard Brèthes : C’est une idée ancrée depuis longtemps : Apple c’est ”trop” cher, cependant je nuancerais ce propos.
Tout d’abord, Apple ne vise que les segments haut de gamme des marchés sur lesquels elle se présente. C’est son angle d’attaque depuis plusieurs années, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est très satisfaisant pour eux !
Ensuite, il me semble intéressant de considérer cet argument du prix en fonction du type de produit. Certaines gammes, comme les iPad par exemple, présentent toujours un rapport qualité / prix encore aujourd’hui inégalé.
Enfin, l’argument du prix est un facteur moins déterminant pour un client professionnel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si à l’exception du HomePod, toutes les annonces matérielles présentées lors de cette conférence développeurs ont un suffixe ”Pro” à leurs noms ! Pour ces clients là, la qualité matérielle et logicielle qui ont fait la réputation de cette marque justifie tout à fait l’écart de prix.
Propos recueillis par Pascal Boiron, Digital CMO