Créée en France en 2013 par deux jeunes entrepreneurs français, mais surtout présente aux Etats-Unis (basée à San Francisco depuis 2014), la startup Front a levé 66 M$ (environ 53 millions d’euros) cette fin janvier 2018, après une première levée de fonds de 10 M$ en 2016. Une levée de fonds significatives pour cette start-up IT dont l’approche technologique tranche avec celles de ses concurrents sur le marché du collaboratif. Quelle est sa recette ?
La recette de Front a – au début, en tout cas – un goût amer dans l’Hexagone. D’une part, la jeune entreprise a quitté la France dès l’année suivant sa création et s’est donc installée en Californie en 2014 ; d’autre part, les deux jeunes fondateurs (Mathilde Collin, CEO et Laurent Perrin, CTO, en photo) ont tout misé sur l’e-mail, alors que plusieurs grandes entreprises françaises pariaient de leur côté sur son déclin voire, sur sa disparition totale au cours de la prochaine décennie.
Front a balayé cette perspective en affirmant que les concurrents de l’e-mail (ils sont nombreux, depuis Slack, Hangouts, Teams, Twitter, Facebook, etc.) n’ont fait que permettre à l’e-mail d’évoluer et d’intégrer un flux unique (celui de Front). L’argument a été pris au sérieux. En 2016, Front a mené à bien sa première levée de fonds, de 10 M$ « seulement » (environ 8 millions d’euros). A l’été 2017, Front était loin d’avoir dépensé tout son pactole : il en restait les trois quarts, alors que l’effectif de l’entreprise avait plus que doublé et comptait 57 salariés.
A priori, cette première levée de fonds lui suffisait donc, mais Front n’a pas pu résisté longtemps aux « sirènes » que sont les investisseurs intéressés. Parmi, eux, on peut citer le fonds DFJ, mais surtout Sequoia, connu pour avoir misé sur Whatsapp, Instagram, Apple, Google, YouTube… Mieux, Front intègre dans son conseil d’administration un des dirigeants du fonds Sequoia, Bryan Schreir. Ce même Bryan Schreir siège au conseil d’administration de l’un des plus gros clients de Front : Dropbox. Auparavant, il fut Directeur des ventes et du développement international de… Google. Sa « vista » va peser lourd dans les futurs développements de la jeune entreprise.
53 millions d’euros pour se développer technologiquement
Entre ce qu’il reste de la première levée de fonds et ce nouvel apport, Front dispose d’environ 59 millions d’euros pour investir dans son développement. En l’occurrence, l’entreprise s’enorgueillit d’avoir passé la barre des 50% de l’activité en dehors des Etats-Unis (la moitié de ses 2 500 clients). Grâce à cette nouvelle levée de fonds, elle va développer son expansion, notamment en Asie et en Europe.
En Europe, la startup française (d’origine), a fait un retour discret fin 2017, en ouvrant un bureau à Paris qui compte 5 personnes. Dans les mois qui viennent, son implantation parisienne est appelée à devenir le quartier général de Front pour l’Europe, dans les domaines du commercial et du support clients. Dans sa communication, Front pense qu’elle aura 135 salariés à la fin de 2018,, contre 57 aujourd’hui, c’est-à-dire que son effectif aura plus que doublé en moins de 11 mois (+ 137% environ).
Quelles seront les prochaines étapes (outre ces recrutements, le développement de nouvelles implantations et le lancement de nouvelles fonctionnalités) ? Les dirigeants de Front ne le cachent pas : pas de levée de fonds supplémentaire, mais une entrée en bourse d’ici 2022. On est très sérieux, quand on a 27 ans…
Pascal Boiron, Digital CMO