Mitel vient de rendre publics les résultats d’une étude menée dans quatre pays d’Europe du Sud (Espagne, France, Italie et Portugal) sur les motivations des entreprises dans le cadre de l’adoption du cloud. Les commentaires à ce sujet de Jean-Denis Garo, Directeur Europe du Sud de Mitel et vice-président du CMIT (Club des Directeurs Marketing et Comunitation de l’IT).
- Que montre cette étude concernant les motivations des entreprises dans le passage au cloud computing ?
Jean-Denis Garo : Il faut tout d’abord préciser que l’enquête a été menée après de plus de 330 décideurs informatiques dans ces quatre pays, par la société d’études SpokingPolls. Cela lui confère une bonne représentativité. Concernant les motivations pour passer vers le cloud, je dirai en premier lieu qu’un certain nombre de freins qui empêchaient les décisions ont été levés. On ne se pose plus de question sur la fiabilité du cloud et la capacité des systèmes à gérer de grands volumes d’informations. Le deuxième frein levé concerne la sécurité. Dans ce domaine, les entreprises considèrent que leurs craintes ne sont plus fondées. Une troisième évolution déterminante concerne la compétence des industriels et des prestataires du numérique. Là encore, le frein a été levé : on sait que la plupart des professionnels du secteur IT ont aujourd’hui des compétences cloud importantes. Ces changements ont eu lieu alors que les entreprises affichent de plus en plus clairement trois priorités : se recentrer sur leur cœur de métier, ne payer que pour ce qu’elles consomment réellement et, bien sûr, réaliser des économies.
- Votre étude fait un focus particulier sur l’association du cloud et des solutions de communication unifiée, autrement appelées UCaaS (Unified Communication as a Service). Là, les différences de motivation entre les quatre pays étudiés sont importantes. Comment les expliquer ?
Jean-Denis Garo : Pour commencer, il faut mettre cette situation en perspectives. Etant donné que ces technologies sont nées aux Etats-Unis, il est logique qu’elles soient d’abord adoptées Outre-Atlantique. En Europe, le circuit d’adoption des technologies est généralement le suivant : les déploiements débutent généralement en Europe du Nord, le plus souvent dans les pays scandinaves, puis traversent le continent jusqu’aux pays du sud. Cela explique que la France soit souvent proche en termes de statistiques de la moyenne européenne. C’est encore le cas avec l’UCaaS : globalement, 36% des entreprises européennes migrent vers une solution UCaaS pour bénéficier de fonctionnalités hautement innovantes. C’est le cas pour 39% des entreprises françaises, soit une proportion comparable. Là où l’on note des écarts importants, c’est notamment en Espagne : 50% des répondants mettent cette motivation en avant, ce qui tire la moyenne européenne vers le haut. A l’inverse, le « score » de cette motivation au Portugal est très bas : 27%, la mpremière motivation étant l’amélioration de la productivité (37% des réponess). Une autre différence notable concerne les centres de contact. La majorité des entreprises espagnoles (55%) et françaises (51%) estime que les centres de contact peuvent désormais être basés dans le cloud. Les entreprises italiennes et portugaises sont beaucoup plus réticentes, respectivement à hauteur de 61% et 63%.
- On est d’accord dans les quatre pays pour estimer que le passage vers le cloud et l’UCaaS doit être fondé sur un ROI, mais on constate que les exigences concernant ce ROI et les modes de calcul restent très différentes. Ces écarts peuvent-ils s’estomper ?
Jean-Denis Garo : Oui, car dans tous les pays, les directions financières ont amené les DSI à envisager leur investissements autrement. Le temps gagné par les DSI grâce au cloud leur permet également de rendre davantage de services aux directions métiers et de valoriser ces services. Elles gagnent de nouveaux arguments en matière de productivité, de performance, de « time to markeet ». Cela est vrai pour les quatre pays d’Europe du Sud concernés par l’étude et va conduire à atténuer les différences.
Propos recueillis par Pascal Boiron, Digital CMO