Le fondateur du réseau social aux 2,3 milliards d’utilisateurs actifs mensuels communique sa vision du développement de Facebook autour de six principes de confidentialité et de sécurisation des données. Si l’intention semble louable, les experts de la Tech dénoncent un projet flou avec un modèle économique qui interroge.
« Dans cette note, je vais dessiner notre vision et principes pour la création d’une plate-forme de messagerie et de réseautage social axée sur la confidentialité » introduit Mark Zuckerberg dans un billet publié le 06 mars sur son propre compte Facebook aux 118 millions d’abonnés.
Concédant que Facebook « n’a pas une solide réputation pour la création de services de protection de la vie privée et nous avons toujours privilégié les outils pour un partage public », Mark Zuckerberg souhaite recentrer la philosophie des services Facebook autour du respect de la vie privée des utilisateurs.
Mark Zuckerberg esquisse son projet autour de six principes :
- Privatisation des interactions avec des espaces garantissant un libre choix des interlocuteurs et une intimité des échanges.
- Cryptage des communications même vis-à-vis de Facebook.
- Conservation limitée de la durée de stockage des métadonnées.
- Sécurité vis-à-vis des pirates et des criminels.
- Interopérabilité avec d’autres plateformes (WhatsApp, Messenger, Instagram Direct).
- Sécurisation des données qui ne pourront pas être vendues à des gouvernements non respectueux des droits de l’homme.
Si le projet de recentrer le réseau social sur les conversations privées tout en collectant moins de données personnelles semble louable et répond aux aspirations de ses utilisateurs, des critiques assez virulentes sont exprimées dans les media spécialisés de la Tech en Californie comme en France. Tout d’abord, Mark Zuckerberg reste assez vague ne donnant ni délai ni précisions sur la mise en œuvre de ces grands principes.
Comment vendre de la pub sans recueillir des datas ?
Le rapprochement entre les différentes applications (Messenger, WhatsApp, Instagram) de Facebook fait craindre une circulation des données alors que Zuckerberg annonce vouloir les circonscrire. Des questions sur la complexité des technologies de cryptage à mettre en place sont également posées. Les experts de la Tech s’interrogent aussi sur le modèle économique de Facebook bâti sur la collecte et la revente de données à des fins publicitaires (56 milliards de dollars de CA en 2018) qui pourrait donc être remis en question par leur cryptage.
Après les scandales relatifs à la protection des données impliquant Facebook, cette annonce d’une éthique apparait comme une nouvelle opération de communication de Mark Zuckerberg. Mais comme le temps passé sur Facebook décroît et que les plus jeunes migrent vers Instagram, il fallait bien que l’entreprise Facebook réagisse. Miser sur des nouveaux services comme le e-commerce ou les paiements en ligne et conserver les sept millions d’annonceurs actifs sera probablement la stratégie de Facebook. Avec un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars en augmentation de 39 % par rapport à 2017, Facebook est une entreprise très rentable. Mark Zuckerberg reste un génie des affaires et ses nouveaux projets pour Facebook pourraient bien encore surprendre les experts de la Tech.