La réputation très « green » du numérique est-elle surfaite ? C’est ce qu’affirme Romuald Ribault, Directeur du Marketing et de la Transformation Numérique de l’agence Ecologic.
- La moindre consommation énergétique est-elle devenue un argument de vente pour l’industrie IT ?
Romuald Ribault : Non ! C’est loin d’être un critère déterminant dans la décision des directions des services informatiques (ndlr : DSI). Certains fournisseurs ont pourtant essayé « d’évangéliser » les acheteurs, mais sans succès pour l’instant… Pour l’instant, le « numérique responsable » n’est q’un concept qui ne correspond pas à la réalité !
- Le cloud computing n’apporte-t-il pas une réponse claire à ce quiproquo ?
Romuald Ribault : Nous sommes très nombreux à le souhaiter, mais, en l’occurrence, les nombreuses études qui ont été menées ne permettent pas d’affirmer que le cloud computing est moins polluant que les autres activités économiques. A lui seul, le numérique représente 2% de la consommation électrique mondiale. Si l’on prend en compte le e-commerce et ce que cela suppose en transports, on arrive à 6% des émissions des gaz à effet de serre. Ce n’est pas anodin.
- De nombreuses nouvelles solutions numériques semblent écologiquement viables : qu’en pensez-vous ?
Romuald Ribault : Dans la plupart des cas, il est trop tôt pour récuser telle ou telle technologie. D’ores et déjà, il apparaît, que les blockchains mobilisent beaucoup plus d’énergie que les schémas traditionnels. Pensons par ailleurs aux usages : par exemple, le Bircoin semble une idée géniale, sauf si l’on constate que c’est la monnaie d’échange la plus utilisée sur le Darknet. Dernier exemple : les capteurs numériques qui permettent d’éteindre les lampadaires inutilisés. En théorie, l’idée semble géniale, sauf lorsqu’on vous démontre que ces capteurs utilisent davantage d’énergie que les lampadaires eux-mêmes… Non, numérique n’est pas sysnomime de bio !
Propos recueillis par Pascal Boiron, Digital CMO