Pour l’instant, les faits sont les suivants : Twitter, qui a fêté ses 10 ans au printemps 2016, n’est toujours pas une entreprise rentable et le nombre d’utilisateurs du réseau de microblogging évolue peu (+ 3% entre juin 2015 et juin 2016, soit 313 millions d’utilisateurs par mois). Plus grave, il stagne tout simplement aux Etats-Unis depuis un an. De fait, seuls 21% des utilisateurs de Twitter sont désormais aux Etats-Unis.
Le patron de Twitter, Jack Dorsey, siège au Conseil d’Administration de Disney.
Malgré cela, la valorisation boursière de Twitter est très élevée et a nettement augmenté depuis quelques jours et la propagation d’une acquisition de Twitter par plusieurs grands noms de la nouvelle économie (Google, Salesforce, Microsoft ou Verizon, ce dernier venant de racheter Yohoo !). Et depuis cette fin septembre, la chaîne étasunienne CNBC a même annoncé que l’entreprise s’intéressait également au rachat de Twitter. En théorie, cette acquisition ne semble pas absurde, car Disney détient déjà deux chaînes de télévision aux Etats-Unis (le généraliste ABC et la chaîne sportive ESPNC), tandis que le patron de Twitter, Jack Dorsey (rappelé aux commandes de l’entreprise fin 2015), siège au conseil d’administration de Disney.
La valorisation de Twitter (15 Mds $) est jugée trop élevée.
Le principal problème, c’est le prix : 15 milliards de dollars pour Twitter et ses 3 800 salariés dans le monde. Dans ce type de situation, les avis exprimé par les analystes financiers ont une importance essentielle sur la valorisation de l’entreprise en situation d’être vendue. En l’occurrence, le premier investisseur japonais le 27 sseptembre, Nomura Securities, a indiqué que le rachat de Twitter par Disney n’était pas une bonne idée (voir ici) et, dès le 28 septembre, Mizuho Securities a dégradé la notation de Twitter en estimant qu’un rachat semblait pour l’instant peu probable (voir ici). Ces deux avis sont de nature a faire diminuer le montant à débourser pour racheter Twitter.
Selon l’agence Bloomberg, la transaction ne devrait intervenir qu’en novembre.
Qu’en pense-t-on en France ? « Twitter a beaucoup apporté : il serait donc injuste de l’accabler de reproches, explique Pierre Miceli, consultant spécialisé dans les réseaux sociaux. Cela étant, Twitter va devoir faire face à quatre principales remarques, qui ne manquent pas de fondements. La première, c’est que l’entreprise enregistre toujours des pertes, 10 ans après sa création. La seconde concernent les années qui viennent et, en l’occurrence, les 15-25 ans ont tendance à privilégier d’autres réseaux sociaux que Twitter, comme Snapchat ou Instagram. La troisième est que Twitter donne l’impression de ne plus innover, notamment en ce qui concerne la gestion des photos, du nombre de caractères ou de sa régie publicitaire. Le quatrième, c’est que l’entreprise qui va acquérir Twitter va certainement devoir réaliser beaucoup de changements, ce qui peut faire apparaître la valorisation actuelle comme très élevée. »
Le fait est que, selon l’agence Bloomberg, la transaction ne devrait intervenir qu’en novembre et que, d’ici là, le prix de Twitter pourrait évoluer à la baisse.
Constance Dalmon, Digital CMO