Journaliste et présentatrice de journaux télévisés sur BFM TV, Valérie Béranger, a lancé cet été 2017 une startup dédiée aux enfants (JTVKids), qui ne sera opérationnelle que début 2018. Quels sont les enjeux ?
- On vous connaît surtout comme journaliste de BFM TV, où vous avez travaillé pendant plus de 10 ans, notamment en tant que présentatrice de journaux télévisés, après être passée par France 3, LCI, l’AFP (Agence France Presse) ou Libération. Aujourd’hui, vous lancez JTVKids : quel rapport et quel est le concept ?
Valérie Béranger : Le rapport, c’est que j’ai attrapé le “virus” de l’entreprenariat voilà plus de 10 ans, lorsque j’ai commencé à travailler sur BFM TV. En l’occurrence, j’ai lancé l’entreprise JTVKids voici seulement quelques mois, au début de l’été 2017, avec pour principal objectif que l’on s’adresse aux enfants “autrement”. Nous sommes partis d’un constat simple : on compte en moyenne 10 écrans par foyer alors qu’aucun n’est complètement approprié au public des enfants. Tout comme les adultes ont décidé voici plusieurs années qu’ils ne devaient plus attendre “le 20 heures” pour accéder à l’information, les enfants ne souhaitent plus que l’on décide de leur emploi temps à leur place et veulent de l’interactivité, ce que ne permettent pas aujourd’hui les médias dits “traditionnels”.
- Comment cette interactivité va-t-elle se concrétiser ?
Valérie Béranger : Nous allons converser avec notre public, via un compagnon virtuel. Ce petit compagnon s’appelera M’Peola au masculin et Alicia au féminin. Il sera le lien entre l’enfant, notre équipe, les parents et les professeurs. La démarche est fondée sur la confiance entre l’enfant et son petit compagnon : ce dernier n’a pas du tout intérêt à ce que l’enfant la lui retire. En résumé, il faut s’imposer de remplacer “esprit mercenaire” (tendance qu’ont beaucoup de journalistes) par “intelligence collective”.
- Cette personnalisation très forte pourrait exiger de mettre un humain en face de chaque enfant : quel autre modèle économique proposez-vous ?
Valérie Béranger : Les progrès de la technologie nous apportent une bonne partie de la réponse. Nous nous appuyons donc sur l’intelligence artificielle, qui est elle-même relayée par des ingénieurs, dont le rôle est d’adapter les contenus produits à chaque enfant. En résumé, il n’existe plus un seul et unique modèle économique qui soit appelé à durer tant et tant d’années. Depuis juillet 2017, j’ai fait évoluer le mien à quatre reprises, donc j’en suis bien convaincue. Quoi que l’on en dise et que l’on pense, il faut impérativement s’intéresser dès maintenant à toutes celles et ceux qui sont nés après 2005, car ils vont créer les modèles économiques de demain. Ce qui me semble plus clair aujourd’hui que lorsque j’étais salariée, c’est qu’il est important d’être formée pour gérer une entreprise et gérer jusqu’à sa trésorerie !
Propos recueillis par Pascal Boiron, Digital CMO