Comment les marques de la tech peuvent-elles mieux répondre aux défis actuels (sobriété digitale, IT décarbonée, développement durable) des entreprises ? Pour Hugues Heuzé, Regional Vice President France chez Pure Storage, les réponses à ces questions sont à chercher à la fois chez les leaders de la tech et chez les utilisateurs de ces technologies. Avec un objectif note-t-il : « un dialogue renforcé notamment avec les métiers de la donnée dont les usages sont au coeur des problématiques énergétiques des systèmes d’information ».
DigitalCMO – Mieux connaître les acteurs de la tech est-il plus important aujourd’hui qu’avant au regard des défis de sobriété digitale et de contrôle de l’empreinte numérique et IT ?
Hugues Heuzé – Oui sans aucun doute. Toutes les sociétés de la tech n’ont pas le même niveau de maturité technologique vis à vis de ces questions-là. Si je prends Pure Storage la société existe depuis 2009 et a été créé avec un objectif d’éco conception sur deux axes. Le premier était de privilégier la durée de vie des matériels de stockage de données grâce à l’innovation logicielle. Le second était la réparabilité de nos matériels. Deux notions très actuelles aujourd’hui. La tech s’est construite sur le paradigme d’une tech refresh permanente. Il était nécessaire de proposer une autre approche avec notamment le paiement à l’usage.
DigitalCMO – Les entreprises évoquent de plus en plus la nécessité d’une sobriété digitale, notamment dans les usages marketing et de la donnée tout en continuant à développer de nouveaux canaux digitaux comme le Metavers. Comprenez-vous ce paradoxe ?
Hugues Heuzé – Oui tout à fait. On ne peut pas reprocher à Meta de chercher dans le Metavers de nouvelles voies de développement face à la concurrence. En revanche il faut savoir que Meta utilise les technologies de Pure Storage pour réduire l’empreinte carbone de ses infrastructures de stockage de données. A terme le Metavers aura sans doute une empreinte carbone réduite par rapport à Facebook. Plus globalement on note dans nos échanges avec les entreprises un dialogue plus fort entre les DSI et les métiers sur ces questions. Cela s’est accéléré avec la crise énergétique. Beaucoup de métiers, dont le marketing et le digital, vont devoir intégrer dans l’équation de ROI le coût énergétique de leurs développements informatiques. Au global l’informatique d’une grande entreprise représente en moyenne 20 % à 25 % de la facture énergétique totale.
DigitalCMO – Quelles sont les pistes à explorer pour encore accélérer la décarbonation de l’IT sans pour autant régresser sur les usages numériques et digitaux ?
Hugues Heuzé – Les acteurs de la tech ont une partie des solutions dans l’éco conception de leurs solutions et dans la diminution de la consommation énergétique de leurs équipements. C’est une demande de plus en plus pressante des DSI. Mais les solutions sont aussi à trouver du côté des métiers de la donnée. Il y a plusieurs pistes : élargir le calcul de ROI des solutions digitales aux coûts énergétiques et climatiques. Certaines entreprises ont commencé à élaborer une cartographie des services en fonction de leur sobriété numérique. Cela peut être une des nouvelles missions de la DSI mais aussi une responsabilité à part entière au sein de l’organigramme des entreprises. Enfin je pense que cela passe aussi par un élargissement des compétences avec des profils se posant davantage la question de l’usage et de l’éco conception de leurs produits et services. Le marketing a un rôle important à jouer dans ce cadre.