La pépite française de la santé connecté Withings a succombé aux sirènes finlandaises : elle va être rachetée dans les prochains mois par le géant Nokia, qui après avoir vendu son activité mobile à Microsoft cherche à accélérer sur l’IoT, en particulier en BtoC. C’est l’occasion de revenir sur l’activité de la start-up française et tenter de comprendre son choix, alors qu’à première vue elle avait tout pour s’épanouir seule.
Withings a été fondée en 2008 par Eric Carreel (fondateur par ailleurs de Sculpteo et Invoxia) et Cédric Hutchings (actuel CEO) et s’est imposée comme un pionnier de la santé connectée. La start-up a développé une gamme très complète de produits couvrant le tracking d’activité physique (montre, bracelet, etc.), la mesure de la tension ou du sommeil, en passant par un pèse-personne wifi. Plus récemment, une station centrale connectée capable de filmer l’intérieur d’une maison en temps réel tout en mesurant les variables environnementales a vu le jour. Grande habituée du CES de Las Vegas, Withings a été une nouvelle fois primée cette année pour sa dernière création : Thermo. Cette dernière mesure la température corporelle d’un simple contact avec la tempe et transmet les données sur un smartphone.
Bien évidemment, au-delà de leur design et de leur simplicité d’utilisation, tous ces objets tirent tout leur intérêt de leur connexion avec un smartphone et PC, via l’application Health Mate qui regroupe toutes les datas sur une interface unique.
Un moyen selon Withings de devenir le numéro 1 mondial
Avec quelques 200 employés, une technologie riche et puissante et une position de leader européen, des bureaux en France, Hong-Kong, Angleterre et Etats-Unis, Withings avait tout pour continuer sa progression. Mais finalement, l’offre de rachat par Nokia a semblé être, pour les fondateurs, un meilleur moyen d’atteindre leur objectif : devenir le numéro 1 mondial de la santé connectée. Le CEO l’a d’ailleurs écrit à tous ses clients et partenaires dans un email.
« Pour devenir le leader mondial de la santé connectée, comme nous l’ambitionnons, nous devons croître plus vite que le marché. Nokia dispose des atouts et ressources pour nous permettre d’accélérer notre développement » souligne Cédric Hutchings. Selon plusieurs sources, ce dernier prendra justement la tête de la branche santé digitale de Nokia Technologies. Donc ni Orange ni un acteur français du secteur de la santé n’ont vu dans les produits et les technologies de Withings les moyens de se positionner rapidement sur le marché et les services liés aux objets connectés. Pour Orange qui a beaucoup de moyens internes et qui ambitionne une intégration très verticale, cela peut se comprendre. En revanche, c’est plus surprenant du côté du secteur de la santé, mais il est vrai que la transformation digitale par les objets connectés n’est pas le sujet principal, notamment au regard des risques que cela fait peser sur un secteur fortement pourvoyeur en emplois peu qualifiés. L’automatisation qu’apporte le secteur des objets connectés fait sans doute un peu peur aux décideurs, notamment publics.
Un secteur en revanche sur lequel le groupe finlandais souhaite se développer, après avoir vendu sa branche conception de terminaux mobiles à Microsoft, mis en place un vaste plan de licenciement et s’être spécialisé dans l’équipement de réseaux mobiles. « En associant les produits primés et les salariés talentueux de Withings à l’expertise et aux innovations mondialement reconnues de Nokia Technologies, nous nous plaçons en tête de la prochaine vague d’innovations en matière de santé numérique » précise le président de Nokia.