L’introduction en bourse de Airbnb a été un succès. Sa valorisation a approché, au plus haut, 95 milliards de dollars pour une société qui a déjà levé 6,4 Mds de dollars, n’a pas gagné d’argent en 2019 et en perdra en 2020 touchée de plein fouet par la crise du Covid-19. Une histoire américaine de la Tech qui ne pourrait pas être française. Explications.
La plupart des analystes estimaient la valeur d’introduction en bourse de Airbnb autour de 45 $ de Airbnb. En quelques jours la valeur de l’action est montée à 158 $ pour retomber à 144 $ valorisant Airbnb, haut plus haut, à près de 95 milliards de dollars.
Selon ses comptes, dans le document de la SEC (Security Exchange Commission), sur les neufs premiers mois 2020, le spécialiste des réservations collaboratives en ligne à perdu 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires et perd actuellement plus de 600 M$. En 2019, Airbnb a à peine équilibré ses comptes. Alors qu’est-ce qui fait la confiance des investisseurs en faveur de Airbnb ?
Sans doute le fait que le projet est porté par des fondateurs visionnaires.
Trois principes fondateurs
Comme l’expliquent les deux fondateurs, Brian Chesky et Joe Gebbia, dans leur lettre aux actionnaires dans le document officiel de la SEC: « Lorsque nous avons lancé Airbnb, il ne s’agissait pas seulement de voyages. En 2007, Joe et moi étions colocataires à San Francisco raconte Brian Chesky, et nous essayions de trouver comment payer notre loyer ».
« Un week-end, alors qu’en raison d’une conférence sur le design qui se déroulait à San Francisco tous les hôtels étaient complets, nous avons gonflé trois matelas pneumatiques et transformé notre appartement pour recevoir des notes. Nous avons accueilli trois invités – Michael, Kat et Amol – et ce faisant, nous sommes devenus les premiers hôtes sur Airbnb. Nos invités sont arrivés comme des étrangers, mais ils sont repartis comme nos amis. Les relations que nous avons nouées ce week-end ont amené Joe et moi à réaliser qu’il y avait peut-être qu’il y a une idée plus grande à développer. Peu de temps après, Nate s’est joint et nous avons créé un moyen pour que les gens du monde entier puissent recevoir des hôtes, tout comme nous ».
C’est clair : les investisseurs américain aiment les idées qui permettent, grâce l’investissement dans les nouvelles technologies, de voir plus grand. Ils ont donc investis 6,4 milliards de dollars pour donner les moyens à Airbnb de voir grand. Et Airbnb l’a fait en respectant, selon les propos de leurs fondateurs, trois principes : la priorité a été donné à l’individu, à la connexion et au sentiment communautaire.
Pourquoi cela ne peut pas être une histoire française ?
Tous les spécialistes du capital-risque savent que les modèle français et américain en matière de financement des startups et de l’innovation sont différents. Le système français est collectif et fondé sur les impôts et le déficit public avec un mode de fonctionnement proche d’un banque, même si la Bpi ne se définit pas complètement comme cela.
De l’autre côté, les Etats-Unis ont un modèle de financement basé sur le risque avec des prises de risques très importantes et un débouché qui le favorise à savoir la bourse américaine et notamment le Nasdaq.
A l’échelle française, aucune société du Next40 ne pourra bénéficier dans son domaine du même niveau de prise de risque que Airbnb. Et surtout d’un débouché en bourse.
L’aversion historique des épargnants français au risque leur fait privilégier des actifs moins risqués comme l’assurance-vie et l’immobilier. Un actif que Airbnb a décidé de valoriser pour eux. C’est sans doute ce qui explique la confiance dans l’avenir des investisseurs en Airbnb.
En photo : Nathan Blecharczyk, Joe Gebbia et Brian Chesky, fondateurs d’Airbnb ©Airbnb