Directeur du Business Development chez IBM Security France, Sébastien Jardin alerte les équipes marketing sur la cybersécurité. Il est intervenu récemment pour l’Adetem sur le sujet. Que ce soit en termes de conception de produits, de relation client ou d’image de marque, la cybersécurité doit être davantage appréhendée.
Vincent Biard – En quoi les questions techniques de cybersécurité pourraient concerner les directions marketing ?
Sébastien Jardin – Mon travail est d’élargir les frontières de la cybersécurité pour en faire un enjeu métier. Le cybersécurité nécessite biensûr un savoir-faire technique pour lutter contre des attaques et des menaces. Mais le métier de responsable de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) consiste aussi à permettre aux autres métiers de travailler correctement. Il est important d’alerter les directions marketing sur l’importance d’incorporer la cybersécurité dès la conception des produits dont la plupart aujourd’hui intègrent du digital et non pas en fin de conception. C’est aussi aux experts de la cybersécurité de sortir de leurs univers et d’aller vers les autres.
Vincent Biard – Les impératifs de cybersécurité ne semblent pas les mêmes pour les produits financiers ou les objets connectés et d’autres produits moins sensibles. Devons-nous être plus prudents ?
Sébastien Jardin – Tous les secteurs et tous les produits sont exposés de la même manière au risque numérique. Il y a des secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile qui ont intégré cette problématique bien sûr pour garantir le bon fonctionnement de leurs produits et aussi parce que cet argument de sécurité fait partie de l’acte d’achat de leurs clients. On ne peut pas en vouloir aux autres entreprises de déconsidérer le risque numérique parce que leurs clients ne sont peut-être pas tous encore prêts à le comprendre.
Vincent Biard – Alors que conseillez-vous aux marques commercialisant des produits à faible risque numérique ?
Sébastien Jardin – Récemment, une entreprise s’est fait attaquer via ses cafetières connectées. On a vu aussi des casinos se faire attaquer via leurs caméras de protection. Ces entreprises n’avaient pas pensé que des cybercriminels allaient s’attaquer aux objets connectés qui sont pourtant très nombreux dans le monde qui nous entoure. Tous les secteurs sont aujourd’hui attaqués. Le secteur banque & assurance est celui qui est le plus attaqué mais pas le plus impacté car depuis longtemps ce secteur a su se protéger. IBM analyse plus de 150 milliards d’événements de sécurité par jour. En 2020, c’est l’Europe qui s’est fait le plus attaquer avec 31% des attaques mondiales.
Vincent Biard – Pour vous, la cybersécurité est aussi un argument de vente. C’est une tendance récente ?
Sébastien Jardin – Une étude d’IBM parue en début d’année a pour thème principal la confiance. Plusieurs milliers de dirigeants dans le monde ont été interrogés. Dans leur business model, l’usage de la donnée est très important. Leurs clients leur confient de l’information via un pacte de confiance qu’ils sont parvenus à établir. Ces dirigeants d’entreprise nous disent qu’il n’y aura pas de confiance digitale sans cybersécurité. Dans le dernier baromètre des risques établi par le groupe Allianz auprès des gestionnaires de risque, la cyber menace est encore classée risque n°1 en France. Le thème de la responsabilité d’une marque est également très important. Qui sera responsable en cas de cyber-attaque ? Le technicien informatique ou la marque ? La marque sera responsable et les effets sur son image et sa valeur peuvent être désastreux. La cybersécurité est donc certes un sujet technique, mais avant tout un sujet de résilience d’entreprise ; un peu comme un nouveau concurrent pouvant vous faire mettre genou à terre. La gestion du risque numérique, et par conséquent la cybersécurité pour le réduire, va s’imposer comme une priorité de Direction générale, et mécaniquement du marketing.
En savoir plus avec le blog de Sébastien Jardin sur le site d’IBM : https://www.ibm.com/blogs/ibm-france/author/sebastien-jardinfr-ibm-com/