Que cela soit les chiffres cités par le JDN ou ceux publiés dans son rapport annuel par EY, la crise n’a pas ralenti les levées de fonds des startups françaises en 2020. Les montants investis y ont même progressé de 7 % en 2020 pour atteindre 5,4 milliards d’euros. Selon la dernière étude de EY, les montants levés par les startups en France ont néanmoins baissé de 16 % en volume
De son coté, le JDN estimait dans son baromètre des levées de fonds que 2020 avait été une année stable par rapport à 2019. Quoi qu’il en soit, la chute annoncée des investissements dans l’innovation n’a pas eu lieu en dépit de la crise sanitaire et du ralentissement de l’économie.
Selon EY, 620 opérations de levées de fonds ont eu lieu avec une forte augmentation des tickets moyens d’investissements au dessus de 50 millions d’euros investis. Dans le Top 5 de l’année 2020, EY cite Voodoo (400 M€, montant estimé non confirmé par la société), Mirakl (256 M€), Ynsect (190 M€), Ecovadis (182 M€) et enfin Contentsquare (173 M€).
Au niveau sectoriel le secteur des services internet comme avec Contentsquare ou Mirakl continue à dominer les investissements en capital-risque en France. Le secteur de la Fintech est celui qui a connu la plus forte augmentation. Enfin, le secteur des sciences de la vie et de la biotech commence à émerger comme en témoigne la levée de fonds d’Ynsect.
Bulle financière digitale ou échec du capital-risque ?
Si on cumule les levées de fonds de ces 4 ou 5 dernières années, les montants levés par les startups françaises dépassent désormais le seuil des 25 milliards. Un chiffre conséquent qui n’a pu être atteint qu’avec l’aide de la Bpi et du Gouvernement français qui a annoncé notamment des mesures de soutien pendant la crise.
Le Gouvernement français a par ailleurs tenté ces deux dernières années de favoriser l’émergence de licornes et de champions français du digital en créant notamment le Next40 : Un label destiné aux entreprises dont la croissance potentielle en termes de chiffres d’affaires se rapproche des standards internationaux des croissance rapide comme ceux enregistrés par les startups américaines.
Pour l’instant seules les startups de l’e-commerce semblent enregistrer des croissances qui leur permettront probablement de lever des fonds en bourse dans les années qui viennent. Pour les autres, la crise sanitaire semble avoir ralenti leur développement à l’international et en France. C’est notamment le cas pour les sociétés qui ont misé sur des services digitaux innovants et qui se heurtent à la domination technologique américaine. Pour l’instant l’avenir financier de ces sociétés est plutôt lié à leur capacité à se faire racheter par les licornes américaines. Si ce n’est pas la voie choisie, elles devront lever encore plus d’argent pour dominer leur marché. Dans un rapport de 2 à 5 par rapport aux montants déjà levés.
En l’absence de nouvelles levées de fonds, la valeur de ces sociétés sera bien inférieure à ce qui était escompté. Pour les spécialistes cela ne devrait pas déboucher sur une crise financière. Les épargnants français et les banques, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, ne misent pas sur ces actifs risqués pour dynamiser leurs rendements. Donc on ne pourra pas parler de bulle financière digitale. Juste d’un échec du financement à la française du capital-risque.
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