Avec ses deux milliards d’utilisateurs dans le monde, WhatsApp est l’incontestable leader des messageries instantanées. Le groupe Facebook souhaite maintenant rentabiliser et monétiser ce réseau social racheté 22 milliards de dollars en 2014.
Le 06 janvier dernier, WhatsApp annonçait sa nouvelle politique de données personnelles : les utilisateurs devront autoriser le partage de leurs données avec le groupe Facebook sinon ils ne pourront tout simplement plus bénéficier de leur compte WhatsApp et ceci à partir du 8 février !
Résultat de cette annonce : un tollé et aussi des millions d’abonnés qui ont commencé à migrer vers des applications proposant le cryptage des messages et des garanties sur la protection de la vie privée comme Telegram et Signal. Dès le 15 janvier, WhatsApp reculait au 15 mai la date à laquelle il sera demandé aux utilisateurs de consulter et d’accepter ses nouvelles conditions d’utilisation.
Cet épisode illustre bien la problématique de Mark Zuckerberg pour rentabiliser WhatsApps. Le groupe aurait fixé un objectif de 10 milliards de dollars de revenus en cinq ans de monétisation. Depuis environ trois ans, la stratégie du groupe Facebook se dévoile lors d’annonces officielles ou par des révélations. Deux stratégies se dessinent : vendre de la publicité ou commercialiser des services mais avec à chaque fois la contrainte de respecter la législation et les souhaits des utilisateurs/clients en termes de données personnelles.
Un nouveau canal de communication pour les marques
En Asie et en Amérique du Sud, WhatsApp est devenu un canal de communication de plus en plus utilisé avec 175 millions de personnes qui interagissent au quotidien avec des commerces. Dans certains cas, ces interactions seraient facturer quelques centimes ou des fractions de centimes aux commerçants. En Inde, les annonceurs peuvent contacter directement leurs clients via Whatsapp pour leur vendre leurs produits.
Fin octobre 2020, le groupe Facebook avait annoncé le lancement d’achats in-app à compter de 2021. WhatsApp permettra ainsi aux entreprises et commerçants de vendre des produits directement depuis l’application à la manière des Facebook Shops. WhatsApp devrait également commercialiser des services de cloud computing : les entreprises qui utilisent ses outils de messagerie du service client pourront stocker ces messages sur les serveurs de Facebook. La monétisation de WhatsApp est donc cette fois bien lancée pour le bénéfice des clients mais aussi bien sûr des actionnaires du groupe Facebook.
En France, Messenger devant WhatsApp mais Telegram et Signal percent
La publication par Statista des parts de marché des applications de messagerie en France en 2020 confirme la domination de Facebook Messenger (79%) et WhatsApp (61%). Snapshat (36%) et Skype (17%) qui appartient à Microsoft suivent au classement. Mais cette étude de Statista montre aussi la progression de messageries concurrentes comme la russe Telegram (5%) et l’américaine Signal (2%). Certes ces deux messageries ne totalisent que 7% d’utilisateurs réguliers en France en 2020. Mais dans la semaine qui a suivi l’annonce de WhatsApp de modification de sa politique de données personnelles, le nombre de téléchargements quotidiens de ces deux applications a dépassé le seuil des deux millions dans le monde alors que WhatsApp voyait ses téléchargements descendre à moins d’un million par jour.