TF1 et M6 ont annoncé aujourd’hui une fusion qui pourrait aboutir en 2022 après examen des autorités à la concurrence. Ce projet devrait donner naissance à un géant dans la TV française et européenne. Mais sur un marché publicitaire dominé par la croissance du digital, la faiblesse actuelle des activités digitales des deux groupes médias pose des questions.
TF1 et M6 devrait donc fusionner au plus tard fin 2022 selon les annonces effectuées aujourd’hui par les deux groupes médias. Le nouvel ensemble devrait peser plus de 30 % de l’audience TV en France et surtout près des deux tiers des recettes publicitaires. Des chiffres qui seront regardés à la loupe par l’autorité à la concurrence française.
Cette fusion a été annoncé dans un contexte probable de reprise du marché publicitaire. Les deux groupes TV français ont enregistré sur le premier trimestre 2021 des résultats encourageants notamment en ce qui concerne leurs chiffes d’affaires publicitaires. Celui de M6 a progressé de 1,6 %. Et celui de TF1 a retrouvé le chemin de la croissance avec une légère progression de 0,7 % à 344 M€.
Un futur géant européen en production audiovisuelle et publicitaire TV mais petit dans le digital
Si très clairement la fusion des deux groupes offre l’opportunité de créer un leader européen dans le domaine de la création audiovisuelle et publicitaire TV, les performances de TF1 et M6 sur le digital posent de nombreuses questions pour l’avenir.
Sur le premier trimestre le chiffre d’affaires de TF1 en digital s’élève seulement à 35 millions d’euros en progression de 3,6 % et représentant moins de 7 % de son chiffre d’affaires trimestriel. Pour rappel, TF1 compte dans ses activités digitales le site culinaire Marmiton mais aussi les activités e-commerce de My Little Paris et Gambette Box. Pour M6 cette proportion est même inférieure depuis la déconsolidation des activités d’iGraal.
Même si une partie des recettes digitales de TF1 et M6 sont logés dans leurs revenus publicitaires, leurs positions sur le digital devront être renforcées pour faire face à la concurrence des GAFAM. La seule audience cumulée de leurs sites web médias ne suffira pas à freiner la domination des GAFAM en matière de publicité ciblée et leur appétit pour des programmes, comme le sport, jusqu’à présent chasse gardée des grands acteurs de la télévision.
La TV connectée sera sans doute une des réponses possibles mais en attendant sa montée en puissance c’est bien dans le domaine du pur digital que TF1 t M6 devront se renforcer. La vente probable de certaines de leurs chaines audiovisuelles dans le cadre des règles françaises à la concurrence devrait leur en donner les moyens.
Photo : Gilles Pélisson, directeur général du groupe TF1, et Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6. © DR