Directeur national du réseau cette coopérative de plus de 600 magasins indépendants associant vingt groupements de producteurs représentant 3 600 fermes, Gilles Baucher prépare le lancement de l’activité e-commerce de Biocoop et s’exprime sur la démarche responsable de cette enseigne de distribution alimentaire biologique au chiffre d’affaires d’1,21 milliard en 2018.
Vincent Biard – C’est surement agréable d’être l’un des dirigeants d’une entreprise sur un marché bio en pleine croissance et avec une image correspondant aux besoins d’éthique et de proximité des consommateurs mais comme tout entrepreneur vous devez quand même avoir des difficultés non ?
Gilles Baucher – C’est effectivement un marché avec une croissance à deux chiffres et Biocoop connait des progressions entre 13 et 15%. Nous ouvrons 70 magasins par an et l’une des difficultés est l’accueil de ces nouveaux sociétaires afin qu’ils comprennent et relaient l’engagement et la vision de Biocoop. Ce qui nous différencie de la distribution classique est cette notion d’engagement autour d’un projet. Nous avons environ 700 demandes d’ouverture de magasin par an et nous en retenons une cinquantaine en adéquation avec nos valeurs qui concilient la dimension économique du commerçant et du chef d’entreprise avec la dimension éthique du militant. C’est là que le digital nous intéresse car il permet de mieux exprimer nos valeurs dans des environnements favorables. Nous avons un site internet national qui accueille plus de deux millions de visites par an et la quasi-totalité de nos magasins ont leur propre site.
Vincent Biard – Lors du salon One To One Digital de Marketing de Biarritz, vous avez annoncé le lancement de l’e-commerce. Comment s’articule ce projet ?
Gilles Baucher – Nos sites web sont des sites d’image et nous lançons l’e-commerce à la fin de l’année. Nous allons proposer au consommateur un service sous forme de click & connect qui permet de commander partout et à tout moment puis de venir récupérer sa commande en magasin. Nous passons par un déploiement progressif avec une période de test de quelques semaines d’un magasin volontaire par bassin sachant que chaque bassin comprend une vingtaine de magasins. Dès que ce sera concluant, nous ferons un déploiement progressif par vagues. Un site web est techniquement simple et ce qui est plus compliqué est l’excellence opérationnelle de ce nouveau service.
Vincent Biard – Le marketing responsable est l’une des tendances du marketing et avec l’ouverture d’un magasin zéro déchet en mai dernier, vous êtes dans cette tendance qui semble naturelle voire même facile pour l’enseigne Biocoop non ?
Gilles Baucher – Ce n’est pas facile car le marketing ou une consommation responsable implique d’amener de la cohérence dans tout ce que vous faites. Dire quelque chose c’est facile, le faire et le prouver c’est beaucoup plus compliqué. Chez Biocoop, historiquement, c’est la prédominance des produits locaux avec 10 à 15% des produits de votre magasin local qui proviennent de moins de 150 km de chez vous. C’est aussi l’interdiction du transport par avion. C’est le respect de la saisonnalité des produits et par exemple nous ne vendons pas de tomates en hiver. C’est un cahier des charges 100% bio. C’est ce niveau d’exigence qui nous amène dans un marketing responsable. Il y a trois ans nous avons interdit la vente d’eau en bouteille plastique dans les magasins après l’avoir voté en assemblée générale alors que ce n’était pas un sujet d’actualité aussi fort qu’aujourd’hui.
Vincent Biard – De quels outils digitaux auriez-vous besoin ?
Gilles Baucher – Les outils dont nous avons besoin sont multiples. D’abord tous les outils permettant de faire le lien à la production avec l’information sur les produits, leur composition et l’origine des ingrédients. Ce sont des tonnes et des tonnes de data. Ensuite nous sommes très attentifs sur l’information entre nous et les magasins et nous avons actuellement un gros travail sur les systèmes d’information magasin qui passent par notre système de caisse et derrière cela le back office et l’animation commerciale que peuvent faire les magasins. Il y a enfin toute l’animation de la communauté Biocoop avec des outils digitaux activés directement par les magasins ou par la tête de réseau. Il y a aussi la boucle consommateur au consommateur puisque nous sommes persuadés de la place que prendra l’économie circulaire où nous aurons quelque chose à favoriser en étant pourquoi pas des market places de troc.
Vincent Biard – Y-a-t ’il un digital responsable ?
Gilles Baucher – Il y a un débat sur les serveurs green car on dit qu’en 2025, les serveurs consommeront 10% de la production d’énergie pour leur réfrigération. C’est l’une réflexion de notre responsable RSE. Nous utilisons des encres végétales pour le print et nous limitons les surfaces d’encrages sur nos publications et nos packagings, nous devons avoir cette exigence sur le digital. Il y a deux ans, nous avons mis en place une équipe digitale avec trois personnes chargées d’accompagner l’entreprise vers sa digitalisation avec déjà le nouveau site e-commerce mais aussi via une réflexion plus large sur l’innovation pour les magasins et pour l’entreprise. J’anime cette équipe car c’est en lien direct avec le réseau, la vocation de cette équipe est d’être transversale.
Site web : https://www.biocoop.fr/