Groupe média digital, Reworld a réalisé en 2017 les trois quarts de son chiffre d’affaires (185,6 M€) dans le numérique. Les 11 titres qu’il possède (dont Marie France, Be, Le Journal de la Maison, Maison&Travaux, Gourmand, Auto Moto, Télé Magazine…) ne représentent plus que 25% des revenus. Entretien avec Jérémy Parola, Directeur des Activités Numériques de Reworld Media.
- Le numérique pèse environ 75% du chiffre d’affaires de Reworld Media. Le groupe a-t-il encore besoin d’acquérir de nouveaux titres ?
Jérémy Parola : Oui et non ! Oui, parce que le groupe va certainement acquérir de nouvelles marques (ndlr : Reworld Media serait notamment sur les rangs pour reprendre des titres du groupe Lagardère – il en a déjà racheté 8 – et de Mondadori). Il faut notamment renforcer notre présence sur certains créneaux et investir des segments à fort potentiel de développement d’où nous étions absents. Non, parce que le développement des marques de presse est très risqué et coûteux.
- Pouvez-vous être plus précis ?
Jérémy Parola : Non et je ne commenterai pas davantage les rumeurs concernant les éventuelles acquisitions du groupe.
- Peut-on résumer la situation en disant qu’il y a d’un la presse imprimée – toujours en recul – et de l’autre le digital, dont vous vous occupez ?
Jérémy Parola : Nous ne sommes pas organisés de cette manière. Nous pensons qu’il faut des activités numériques partout et l’enjeu consiste donc à développer cette stratégie de façon transverse. C’est important pour chacune des marques car c’est désormais leur premier levier de croissance. Je rappelle que nous avons intégré certains titres qui n’avaient aucune activité numérique. En 2017, les activités digitales de « media branding » ont progressé de 57%, tandis que nos activités dans le « print » reculaient de 4%, ce qui est mieux que la moyenne du marché français, qui est marquée par une baisse d’environ 15% !
- L’intelligence artificielle a-t-elle sa place chez Reworld ?
Jérémy Parola : Nous utilisons déjà des technologies d’IA pour fixer les prix des publicités. Nous travaillons avec des algorithmes qui « préparent » le terrain, mais la décision finale est toujours prise par un humain. Nous multiplions par ailleurs les tests avec des « chatbots », des robots conversationnels ou plus simplement avec des arbres décisionnels. Dans tous les cas, nous analysons le plus finement le retour sur investissement de ces nouveaux outils. Le but n’est pas de perdre de l’argent dans le seul but de « suivre » un effet de mode !
- Serez-vous prêts pour l’entrée en application du RGPD (Règlement Général pour la Protection des Données personnelles) le mois prochain ?
Jérémy Parola : Oui ! Nous avons commencé à travailler sur le sujet RGPD début 2017 et le cadre nous semble clair. Nous avons commencé par faire un audit sur notre façon de collecter les données et sur la nature de ces données. En l’occurrence, il est apparu que des médias tels que les nôtres manipules relativement peu de données dites « sensibles ». Le principal changement concerne nos prestataires : nous avons renégocié tous les contrats en veillant à ce qu’ils puissent se mettre en conformité avec le RGPD, ce qui nous a conduit à arrêter de travailler avec certains d’entre eux. Enfin je rappelle que nous respectons scrupuleusement la charte CPA (ndlr : Collectif des Plateformes d’Affiliation), qui nous conduit notamment a obtenir un « double » consentement des internautes sur la collecte de leurs données.
Propos recueillis par Pascal Boiron, Digital CMO