Fifty-Five fait partie de ces spécialistes data marketing qui ont très tôt investi dans la tech. Pour Pierre Harand CEO de Fifty-Five cette expérience est aujourd’hui clé dans la maîtrise de l’IA sur les projets data marketing & média des annonceurs. Avec un objectif principal : transformer le data shadow en investissement d’avenir grâce à l’IA.
DigitalCMO.fr – Vous êtes positionné sur le marché de la donnée marketing, média et digitale depuis déjà 2010 comment analysez-vous les évolutions de ce marché ?
Pierre Harand – Il y a clairement un début de structuration de ce marché. Au départ ces investissements dans la donnée ont été porté par des investissements innovants en shadow IT. Avec en corrolaire la montée en puissance de nouvelles compétences et de nouveaux profils autour des usages de la donnée média, marketing et digitale. Cela a créé une véritable compétence métier qui se situe à part des départements DSI des entreprises. Aujourd’hui je constate que ces départements DSI n’ont toujours pas les compétences ni le temps nécessaire à la gestion de ces projets. Et la montée en puissance de l’intelligence artificielle me semble encore renforcer cette tendance notamment du fait de ses implications métiers. L’IA générative est vue dans beaucoup d’entreprises comme un outil de productivité qu’il faut évaluer dans un contexte métier.
DigitalCMO.fr – Justement sur la montée en puissance de l’IA quel est votre constat ?
Pierre Harand – En ce qui concerne Fifty-Five nous sommes déjà dans le concret en termes d’usages de l’IA. Nous avons identifié six grands cas d’usage où nous sommes déjà opérationnel. J’en prendrai deux pour illustrer notre approche. Dans le domaine de l’analyse des données – quelles soient média ou first party – nous utilisons déjà un outil d’assistance intelligent développée en language naturel qui permet d’exploiter plus intelligement les données et d’augmenter les capacités d’analyse des data analyst. Mais nous allons également plus loin grâce à l’IA dans le support aux départements data et maketing de nos clients. Par exemple nous avons développé un outil de productivité qui permet par une approche en nomenclature de de créer un référentiel des centaines de campagnes médias, digitales multi-canal qui sont gérées par les grands annonceurs. Un service qui leur permet de disposer d’une visualisation – en format dashboard- en temps réel et avec des critères de performances de leurs investissements médias et digitaux. L’IA permet d’améliorer la remontée des informations mais aussi leur qualité et leur interprétation.
DigitalCMO.fr – Dans le contexte actuel plus contraint sur le plan marketing comment voyez-vous évoluer les attentes de votre marché ?
Pierre Harand – Je constate que les grandes plateformes continuent à automatiser, grâce à l’IA, leurs services et recherchent toujours une plus grande démocratisation de leurs services. La valeur ajoutée des agences se déplace vers le conseil et la maîtrise tech. Par exemple un des enjeux actuels des annonceurs reste liés à l’existence de nombreux silos de données d’information commerciale et marketing. Les LLM (Large Language Model) vont permettre de créer plus d’intelligence dans les usages et de rationaliser l’approche data. La fin des cookies tiers nécessite clairement des investissements en data importants pour suivre différemment les parcours clients et une refonte complète de la mesure média et digitale face à une offre de canaux qui restera abondante.