Avec une perte annoncée de près de 9 milliards de dollars lors de la présentation de ses résultats , Uber suscite de plus en plus d’interrogations de la part des analystes. Un petit résumé des doutes et des questions à l’aune d’un cumul de pertes de près de 19 milliards sur les 4 dernières années.
La 1ère question qui vient à la lecture des résultats d’Uber est : pourquoi Uber continue à perdre autant d’argent ? La réponse est en partie liée à la stratégie actuelle d’Uber. Comme cela est souvent le cas avec les grands acteurs de la tech financée par le capital-risque et qui sont entrés en bourse, les investisseurs exercent une forte pression pour que ces sociétés enregistrent à la fois une très forte croissance et un début de rentabilité. C’est sur cette base que le cours de l’action peut atteindre des sommets. Comme c’est par exemple le cas pour Amazon qui grâce aux activités cloud de AWS peut afficher un niveau de rentabilité tout en continuant à investir massivement dans l’e-commerce pour continuer à croître en terme de chiffre d’affaires. C’est grâce à ce modèle qu’Amazon a dépassé les 1000 milliards de dollars de capitalisation.
Pour coller à ce modèle voulu par les investisseurs, Uber a investi massivement en marketing (4,6 milliards selon les chiffres communiqués), s’est diversifié dans la livraison de repas et le transport de marchandises et continue à développer ses projets de voitures automnes. Le résultat est spectaculaire. Les réservations brutes ont explosé mais le chiffres d’affaires progresse moins vite et les pertes s’accroissent. Pour l’instant Uber n’a pas encore trouvé une poule aux oeufs d’or comme a pu le faire Amazon.
La seconde question qui vient à la lecture de ses résultats est liée à la promesse d’Uber d’être à terme un leader en service en voiture autonome. En ce qui concerne la voiture autonome les coûts de l’électrique et les développements technologiques liés à la voiture autonome ont explosé pour tous les constructeurs et rendent la perspective d’une solution plus lointaine que prévue. Par ailleurs les enjeux sur le développement durable sont aussi en train de rebattre les cartes dans le développement des services de mobilité.
Uber première star de l’ère du digital à ne pas réussir son parcours en bourse ?
Uber, lors de la présentation de ces résultats, a annoncé aux investisseurs une faible rentabilité en 2021 et un objectif de 25 % de marge dans le long terme. C’est possible si Uber croît moins vite. Mais dans le monde de l’investissement cela veut dire une chute de l’action, une perte de confiance et le début d’une stratégie de stop and go entre croissance et rentabilité pour les dirigeants d’Uber. Plus gênant : cela peut être aussi l’élément déclencheur d’une perte de confiance des investisseurs dans toutes les valeurs digitales qui ont émergé ces dernières années et que l’ensemble des analystes jugent sur-évaluées. Bref, si on veut éviter que la bulle digitale explose il faudrait mieux que Uber réussisse l’année prochaine.