Créée en 2012, la startup Sendinblue compte déjà 70 collaborateurs et est implantée aux Etats-Unis, en France et en Inde. Elle est spécialisée dans l’envoi d’emails et de SMS via une solution en mode SaaS présentée comme très intuitive. Trois questions à son patron et fondateur, Armand Thiberge.
- Quel est le positionnement de Sendinblue sur le marché du marketing automation ?
Nous avons créé l’entreprise en Inde pour nous déployer ensuite vers les Etats-Unis et l’Europe.
Armand Thiberge : La première originalité de Sendinblue est que nous avons créé l’entreprise en Inde, en 2012, pour nous déployer ensuite vers les Etats-Unis et l’Europe, en commençant par la France. Nous avons procédé de cette façon car le positionnement de base de Sendinblue était de développer une solution peu chère et la plus simple possible pour envoyer des emails, et cela en mode SaaS. De fait, notre cible première était les TPE et les PME. L’expérience nous a rapidement démontré que leurs besoins en marketing automation étaient plus complexes : nous avons donc ajouté de nouvelles briques à notre offre, comme l’envoi de SMS, d’emails transactionnels, de services de tracking , la génération de newsletters et, depuis quelques jours, nous proposons d’étoffer encore notre solution avec Sendinblue Automation, qui permet notamment de créer des scenarri de relance. En résumé, notre positionnement est donc simple : Sendinblue se présente comme la solution de marketing automation la plus complète et la plus économique pour les TPE et les PME ?
- Les éditeurs partent généralement des grandes entreprises pour aller ensuite vers les TPE et les PME : vous faites l’inverse. Pourquoi ?
Nous avons pas besoin aujourd’hui d’envisager une levée de fonds.
Armand Thiberge : Parce que nous étions et restons convaincus qu’il est au final plus facile de s’adresser d’abord aux TPE pour aller ensuite vers les plus grandes entreprises. L’explication est simple : les TPE ont peu ou pas de ressources humaines dédiées au marketing, pas de temps et pas d’argent. Si l’on arrive à répondre à leurs attentes, on est capable de s’adapter aux attentes des grands groupes. D’ailleurs, l’expérience montre que les grands éditeurs ont beaucoup de mal à s’adapter à la clientèle des TPE. En ce qui nous concerne, la réponse est simple : c’est gratuit jusqu’à 9 000 emails par mois et c’est 5,49/mois jusqu’à 40 emails. Nous le faisons parce que ce marché progresse très rapidement et que nous voulons attirer vers nous le plus grand nombre d’utilisateurs le plus rapidement possible. Ensuite, l’objectif est que les services qui seront développés autour de cette solution soient compris dans l’abonnement et ne fassent pas l’objet d’une facturation supplémentaire. Nous pouvons le faire parce que nous enregistrons une très forte croissance, que nous sommes présents dans plus de 150 pays, que la solution est déjà disponible en 6 langues, et que les ventes « hors France » représentent dès cette année plus de 65% du chiffre d’affaires. De fait, nous avons pas besoin aujourd’hui d’envisager une levée de fonds (ndlr : une startup qui n’envisage pas une levée de fonds, c’est effectivement original…)..
- Quelles-sont selon vous les principales tendances du « marketing automation » pour 2017 ?
Le retour sur investissement des actions du marketing peut et doit être mieux mesuré.
Armand Thiberge : La première concerne l’élargissement de la clientèle potentielle des outils de marketing automation. On s’adresse aujourd’hui à des utilisateurs qui n’ont pas de fortes compétences techniques en informatique : il faut donc leur proposer des solutions qui ne demandent pas ce type de compétences. La seconde est le « dimensionnement » des équipes marketing. Le but du marketing automation est selon nous de permettre aux équipes en place d’en faire plus et non de les remplacer. Comment peut-on imaginer que l’on va convaincre un directeur marketing en lui affirmant que l’on peut remplacer une partie de son équipe ? Au contraire – et c’est la troisième tendance forte – il faut permettre aux services marketing d’enrichir plus directement les solutions de CRM utilisées et mettre en place un nombre croissant d’indicateurs. C’est notamment sur ce sujet que nous travaillons : le retour sur investissement des actions du marketing peut et doit être mieux mesuré.
Propos recueillis par Julien Corti